EBG aka Emilie Benoist-Gironière est plasticienne. Depuis plus de vingt ans, ses dessins, photogrammes et sculptures sont des métamorphoses poétiques. Des fictions spéculatives sur l’évolution du monde passée, présente et à venir. Dans un processus exploratoire, elle recompose des écosystèmes fragiles, où cohabitent des éléments naturels et hautement artificiels. Collectés et ensuite patiemment amalgamés, leurs résidus évoquent les plastigomerates. Devenus géobiologiques, les formes sont cérébrales, minérales, végétales et digitales. Elles cohabitent dans l’espace, en semblant rejetées ou produites par un environnement modifié, notre héritage.
Emilie Benoist : Géobiologies d’un territoire micellaire
« L’esprit humain et la terre sont constamment en voie d’érosion ; des rivières mentales emportent des berges abstraites, les ondes du cerveau ébranlent des falaises de pensée ; les idées se délitent en blocs d’ignorance et les cristallisations conceptuelles éclatent en dépôt de raison graveleuse ».
C'est par ces phrases que s’ouvre « Une sédimentation de l’esprit »(1) : en quelques lignes visionnaires, Robert Smithson y esquisse les fondements d’un « monisme entropique », où l’unité substantielle de la matière et de l’esprit aurait pour corollaire un processus de dégradation réciproque, comme une loi que le devenir aurait toujours-déjà été inscrite en eux. Car, en faisant de l’érosion le dénominateur commun des mouvements temporel, terrestre et cérébral, Smithson désigne aussi en creux un sous-bassement in(di)visible qu’ils partagent tous trois : une zone de frottement conceptuel, où, à la bordure hyper-phénoménale de l’émanation sensible et du retrait hors de la sphère de l’apparaître, prendrait naissance cet « Objet Esthétique Non-Identifié » qu’est le « site » smithsonien. Or —s’il n’y a pas de séparation dualiste entre les essences et les phénomènes — la conscience, le milieu naturel, le « monde », le temps et l’espace eux-mêmes cessent d’être des catégories distinctes pour devenir des propriétés de l’émergence des objets dans la sphère de la sensation. Il n’existe, dans cette optique, ni intérieur ni extérieur : la « sédimentation » temporelle est identique à la géomorphie du monde, et à celle de la pensée ; « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », pour reprendre la formule qui ouvre « La Table d’Emeraude » : parallélisme saisissant d’une alchimie obscure, ouvrant vers deux mythologies spatio-temporelles — celle de l’utopie et de l’uchronie d’un côté ; celle de la dystopie et de la dyschronie de l’autre, dont l’un des avatars les plus contemporains est cette ère que nous nommons « anthropocène ».
Le travail polymorphe d’Emilie Benoist se situe à l’articulation de ces deux hyper-mondes, dans un point aveugle qui en formerait le chaînon manquant, la « cellula phantastica » : ce chaînon, on pourrait le nommer le « géobiologique ». Il rassemble dans un territoire imaginaire les éléments d’une mythologie mycellaire reliant le cerveau, la terre, le végétal ; c’est l’inconnue que sondent inlassablement des séries comme Ces cités, Neverland, Ces milieux, ou des pièces comme Cerveau-cible ou Circonvolutions. La circularité, l’invagination des formes, figurent ici l’architectonique indifférenciée des formes, l’hologramme d’une réalité, enclose dans son point d’origine ou de fin : ce cercle premier ou dernier, on l’aperçoit conceptuellement dans la « genèse apocalyptique » de Zone Rouge, dont la clôture fragile est toujours-déjà ouverte sur ses bordures, poreuses, plissées, comme une membrane. Dans les lignes de fuite des géométrie invisibles et dans les Rorschach des cerveaux-mondes se déploient alors des cités non érigées, des arborescences cristallines, des fleurs métalliques : toute une réécriture du code phénoménologique, axé non plus sur des identités pré-définies mais sur des « formes-souches », aptes, comme les cellules souches, à épouser tout chemin et tout contours matériels.
De plis et de déplis, il est d’ailleurs très fréquemment question chez Emilie Benoist : la technique de l’origami, qu’elle utilise, dans les séries Biominéral ou Treize Diamants entre autres, pour construire de savantes architectures de papier, révèle ici d’impossibles cristallisations, des espaces-temps alternatifs dont chaque facette contiendrait peut-être la trace de ces mondes, devenus soudain minéraux, métaux, ou un étrange intermédiaire entre toutes ces transitions de phase. Ce sont en quelque sorte des cristallisations entropiques, formées parfois des détritus que nous laissons à l’abandon, évoluant vers une matière inconnue, dont la temporalité est impossible à déterminer : ils donnent à imaginer une extra-terrestrialité sédimhantant la Terre depuis son origine, formant avec elle un « hyper-objet » s’étendant bien au-delà d’un espace-temps mesurable linéairement. Car tous les commencements sont rétroactifs : pour Graham Harmann, l’un des théoriciens de l’Ontologie Orientée Objet (2), un « objet » est comme un rétrovirus, qui injecterait son ADN dans tous les objets qu’il rencontre. Le « monde » s’étend ainsi dans l’espace et le temps bien au-delà des limites que nous pouvons voir, toucher ou même appréhender conceptuellement ; c’est ce qu’Emilie Benoist semble évoquer dans sa série Les Mondes, mélangeant l’archive du temps humain, incarné par les exemplaires du célèbre journal, à l’idée d’une archive immémoriale du monde : préhistorique et future, comme les œuvres du minimalisme américain lus par Smithson (3) — des outils tribaux échoués sur un rivage futur, non encore érigé et pourtant passé. On mesure combien l’uchronie se situe au cœur du travail de l’artiste, et il n’est pas étonnant que les déplacements de forme, de temporalité, d’espaces glissant et agissant les uns sur les autres constituent la région mentale dans laquelle flotte ses œuvres, une hyper-topologie non euclidienne, obéissant à une mathématique secrète des angles, une géométrie alien même lorsque celles-ci prennent la forme d’un solide ordonné : comme si les dimensions supplémentaires d’un monde invisible s’étaient brusquement refermées, cachée sous la carapace fragile d’un organisme ou d’un organon inclassifiables.
L’archive rétroactive de nos futurs commencerait-elle (donc) avec la (dé)classification? D’agencement de mondes, il est d’ailleurs question dans Ces Milieux et ce n’est peut-être pas un hasard si les débuts de l’anthropocène coïncident historiquement avec les classifications arborescentes de Ernst Haeckel. Le lien mystérieux qui unit le cerveau, la terre, les formes-réseaux, qu’elles soient végétales ou neuronales, est un thème récurrent chez Emilie Benoist, et nous retrouvons là l’idée d’un temps micellaire, d’une forme-souche, d’une « transferrance » de l’énergie vers la matière, qui à la fois transmet un code et le déforme, comme si l’anthropocène était aussi ce moment où, au-delà de toute hypocrisie, nous sommes contraints d’affronter la vie organique monstrueuse que nous avons nous-mêmes créée, cette organicité qui échappe désormais à tous les schémas d’équilibre conceptuel et de distinctions classifiantes : les outils ont finis par engendrer de nouveaux organes, la technologie s’est fondue à notre phénotype, l’a étendu au-delà de tous nos rêves prométhéens pour finalement, par un effet de boomerang, nous renvoyer notre propre image déformée. Au paradigme du savant-éclaireur s’est substitué celui du docteur Frankenstein, aux Lumières et au rêve de progrès, le cauchemar toxique de notre phénotype étendu.
Le travail d’Emilie Benoist cherche à saisir quelque chose de cette émergence spectrale qui pourrait se développer dans toute forme, comme des cellules-souches matricielles. Si l’on modélisait l’entropie sur une crypto-science comme la « géobiologie », et non plus sur la thermodynamique, ne pourrait-on pas voir dans ce processus de désorganisation de la matière une forme de cancer proliférant dans les cellules objectales qui structurent la biosphère? une tératomorphie, une tératogenèse engendrée par nous et nous absorbant , dont le bioplastique serait un des exemples les plus frappants. Les entropies ballardiennes relues par Smithson ne sont pas loin dans cette fiction dystopique de la science, et ce sont, non plus des paysages de cristal, mais des coraux et des mousses pétrochimiques que mettent en scène la série Micro-mousse ou Cellula phantastica, constituées de micro billes de plastique étrangement organiques, traversées par une anti-nature qui les ronge et les absorbent, comme si aucune catégorie n’était jamais close sur elle-même, assurée de son essence.
Car tous les objets sont extimes ; le monde, l’environnement, la nature n’existent pas en soi : nous nous éveillons juste à l’intérieur d’un objet autre que nous. Le temps lui-même n’existe pas en soi : aussi tout arrive-t-il à la fois simultanément et en retard, auto-contenu dans le paradoxe hyper-rouge de l’ « apocalypse première » ou de la « genèse finale » ; il y a donc chez Emilie Benoist plusieurs mondes qui n’en forment qu’un puisque tous les instants y coexistent, dans une forme d’éternité sans repos, repliée dans au moins quatre espace-temps qui n’ont pourtant aucun topos ni aucun chronos propres, juste des mycéliums intriqués les uns dans les autres. Le « premier » d’entre eux serait celui de l’ architectonique initiale des formes « absolues », vides, séparées de tout contenu mais déjà apte à recevoir une forme ; le second traduirait le passage à la forme-souche, au mycélium de la conscience et de l’inconscient, à la ville-cerveau, c’est-à-dire à la seconde architectonique, celle qui remplace, comme un monde double, ce premier monde de l’archi-écriture, caché à jamais dans le feu et la cendre des origines ; puis viendrait le troisième monde, le monde des rapports complexes, et des classifications in fine impossibles ; enfin le quatrième monde, qui est aussi le premier, puisque toute spectralité rétro-agit sur l’origine, serait celui des fantômes de la dystopie, commençant avec le deuil produit par le travail, puis se structurant en production industrielle, pour nous transformer nous-mêmes en produits de notre travail, c’est-à-dire en spectres recrachés dans une nouvelle matière qui nous a absorbés.
Notre post-capitalisme tourne désormais sans fin dans ce cercle, jusqu’à ce que nous soyons appelées à un nouveau faire. Et c’est sans doute, entre les blancs, à cette nouvelle utopie que convie le travail d’Emilie Benoist, dont le moindre paradoxe n’est pas d’être lumineux et porteur d’espoir jusque dans sa noirceur.
C'est par ces phrases que s’ouvre « Une sédimentation de l’esprit »(1) : en quelques lignes visionnaires, Robert Smithson y esquisse les fondements d’un « monisme entropique », où l’unité substantielle de la matière et de l’esprit aurait pour corollaire un processus de dégradation réciproque, comme une loi que le devenir aurait toujours-déjà été inscrite en eux. Car, en faisant de l’érosion le dénominateur commun des mouvements temporel, terrestre et cérébral, Smithson désigne aussi en creux un sous-bassement in(di)visible qu’ils partagent tous trois : une zone de frottement conceptuel, où, à la bordure hyper-phénoménale de l’émanation sensible et du retrait hors de la sphère de l’apparaître, prendrait naissance cet « Objet Esthétique Non-Identifié » qu’est le « site » smithsonien. Or —s’il n’y a pas de séparation dualiste entre les essences et les phénomènes — la conscience, le milieu naturel, le « monde », le temps et l’espace eux-mêmes cessent d’être des catégories distinctes pour devenir des propriétés de l’émergence des objets dans la sphère de la sensation. Il n’existe, dans cette optique, ni intérieur ni extérieur : la « sédimentation » temporelle est identique à la géomorphie du monde, et à celle de la pensée ; « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », pour reprendre la formule qui ouvre « La Table d’Emeraude » : parallélisme saisissant d’une alchimie obscure, ouvrant vers deux mythologies spatio-temporelles — celle de l’utopie et de l’uchronie d’un côté ; celle de la dystopie et de la dyschronie de l’autre, dont l’un des avatars les plus contemporains est cette ère que nous nommons « anthropocène ».
Le travail polymorphe d’Emilie Benoist se situe à l’articulation de ces deux hyper-mondes, dans un point aveugle qui en formerait le chaînon manquant, la « cellula phantastica » : ce chaînon, on pourrait le nommer le « géobiologique ». Il rassemble dans un territoire imaginaire les éléments d’une mythologie mycellaire reliant le cerveau, la terre, le végétal ; c’est l’inconnue que sondent inlassablement des séries comme Ces cités, Neverland, Ces milieux, ou des pièces comme Cerveau-cible ou Circonvolutions. La circularité, l’invagination des formes, figurent ici l’architectonique indifférenciée des formes, l’hologramme d’une réalité, enclose dans son point d’origine ou de fin : ce cercle premier ou dernier, on l’aperçoit conceptuellement dans la « genèse apocalyptique » de Zone Rouge, dont la clôture fragile est toujours-déjà ouverte sur ses bordures, poreuses, plissées, comme une membrane. Dans les lignes de fuite des géométrie invisibles et dans les Rorschach des cerveaux-mondes se déploient alors des cités non érigées, des arborescences cristallines, des fleurs métalliques : toute une réécriture du code phénoménologique, axé non plus sur des identités pré-définies mais sur des « formes-souches », aptes, comme les cellules souches, à épouser tout chemin et tout contours matériels.
De plis et de déplis, il est d’ailleurs très fréquemment question chez Emilie Benoist : la technique de l’origami, qu’elle utilise, dans les séries Biominéral ou Treize Diamants entre autres, pour construire de savantes architectures de papier, révèle ici d’impossibles cristallisations, des espaces-temps alternatifs dont chaque facette contiendrait peut-être la trace de ces mondes, devenus soudain minéraux, métaux, ou un étrange intermédiaire entre toutes ces transitions de phase. Ce sont en quelque sorte des cristallisations entropiques, formées parfois des détritus que nous laissons à l’abandon, évoluant vers une matière inconnue, dont la temporalité est impossible à déterminer : ils donnent à imaginer une extra-terrestrialité sédimhantant la Terre depuis son origine, formant avec elle un « hyper-objet » s’étendant bien au-delà d’un espace-temps mesurable linéairement. Car tous les commencements sont rétroactifs : pour Graham Harmann, l’un des théoriciens de l’Ontologie Orientée Objet (2), un « objet » est comme un rétrovirus, qui injecterait son ADN dans tous les objets qu’il rencontre. Le « monde » s’étend ainsi dans l’espace et le temps bien au-delà des limites que nous pouvons voir, toucher ou même appréhender conceptuellement ; c’est ce qu’Emilie Benoist semble évoquer dans sa série Les Mondes, mélangeant l’archive du temps humain, incarné par les exemplaires du célèbre journal, à l’idée d’une archive immémoriale du monde : préhistorique et future, comme les œuvres du minimalisme américain lus par Smithson (3) — des outils tribaux échoués sur un rivage futur, non encore érigé et pourtant passé. On mesure combien l’uchronie se situe au cœur du travail de l’artiste, et il n’est pas étonnant que les déplacements de forme, de temporalité, d’espaces glissant et agissant les uns sur les autres constituent la région mentale dans laquelle flotte ses œuvres, une hyper-topologie non euclidienne, obéissant à une mathématique secrète des angles, une géométrie alien même lorsque celles-ci prennent la forme d’un solide ordonné : comme si les dimensions supplémentaires d’un monde invisible s’étaient brusquement refermées, cachée sous la carapace fragile d’un organisme ou d’un organon inclassifiables.
L’archive rétroactive de nos futurs commencerait-elle (donc) avec la (dé)classification? D’agencement de mondes, il est d’ailleurs question dans Ces Milieux et ce n’est peut-être pas un hasard si les débuts de l’anthropocène coïncident historiquement avec les classifications arborescentes de Ernst Haeckel. Le lien mystérieux qui unit le cerveau, la terre, les formes-réseaux, qu’elles soient végétales ou neuronales, est un thème récurrent chez Emilie Benoist, et nous retrouvons là l’idée d’un temps micellaire, d’une forme-souche, d’une « transferrance » de l’énergie vers la matière, qui à la fois transmet un code et le déforme, comme si l’anthropocène était aussi ce moment où, au-delà de toute hypocrisie, nous sommes contraints d’affronter la vie organique monstrueuse que nous avons nous-mêmes créée, cette organicité qui échappe désormais à tous les schémas d’équilibre conceptuel et de distinctions classifiantes : les outils ont finis par engendrer de nouveaux organes, la technologie s’est fondue à notre phénotype, l’a étendu au-delà de tous nos rêves prométhéens pour finalement, par un effet de boomerang, nous renvoyer notre propre image déformée. Au paradigme du savant-éclaireur s’est substitué celui du docteur Frankenstein, aux Lumières et au rêve de progrès, le cauchemar toxique de notre phénotype étendu.
Le travail d’Emilie Benoist cherche à saisir quelque chose de cette émergence spectrale qui pourrait se développer dans toute forme, comme des cellules-souches matricielles. Si l’on modélisait l’entropie sur une crypto-science comme la « géobiologie », et non plus sur la thermodynamique, ne pourrait-on pas voir dans ce processus de désorganisation de la matière une forme de cancer proliférant dans les cellules objectales qui structurent la biosphère? une tératomorphie, une tératogenèse engendrée par nous et nous absorbant , dont le bioplastique serait un des exemples les plus frappants. Les entropies ballardiennes relues par Smithson ne sont pas loin dans cette fiction dystopique de la science, et ce sont, non plus des paysages de cristal, mais des coraux et des mousses pétrochimiques que mettent en scène la série Micro-mousse ou Cellula phantastica, constituées de micro billes de plastique étrangement organiques, traversées par une anti-nature qui les ronge et les absorbent, comme si aucune catégorie n’était jamais close sur elle-même, assurée de son essence.
Car tous les objets sont extimes ; le monde, l’environnement, la nature n’existent pas en soi : nous nous éveillons juste à l’intérieur d’un objet autre que nous. Le temps lui-même n’existe pas en soi : aussi tout arrive-t-il à la fois simultanément et en retard, auto-contenu dans le paradoxe hyper-rouge de l’ « apocalypse première » ou de la « genèse finale » ; il y a donc chez Emilie Benoist plusieurs mondes qui n’en forment qu’un puisque tous les instants y coexistent, dans une forme d’éternité sans repos, repliée dans au moins quatre espace-temps qui n’ont pourtant aucun topos ni aucun chronos propres, juste des mycéliums intriqués les uns dans les autres. Le « premier » d’entre eux serait celui de l’ architectonique initiale des formes « absolues », vides, séparées de tout contenu mais déjà apte à recevoir une forme ; le second traduirait le passage à la forme-souche, au mycélium de la conscience et de l’inconscient, à la ville-cerveau, c’est-à-dire à la seconde architectonique, celle qui remplace, comme un monde double, ce premier monde de l’archi-écriture, caché à jamais dans le feu et la cendre des origines ; puis viendrait le troisième monde, le monde des rapports complexes, et des classifications in fine impossibles ; enfin le quatrième monde, qui est aussi le premier, puisque toute spectralité rétro-agit sur l’origine, serait celui des fantômes de la dystopie, commençant avec le deuil produit par le travail, puis se structurant en production industrielle, pour nous transformer nous-mêmes en produits de notre travail, c’est-à-dire en spectres recrachés dans une nouvelle matière qui nous a absorbés.
Notre post-capitalisme tourne désormais sans fin dans ce cercle, jusqu’à ce que nous soyons appelées à un nouveau faire. Et c’est sans doute, entre les blancs, à cette nouvelle utopie que convie le travail d’Emilie Benoist, dont le moindre paradoxe n’est pas d’être lumineux et porteur d’espoir jusque dans sa noirceur.
Septembre 2017
(1) Robert Smithson, « A Sedimentation of the Mind : Earth Projects », Atrforum, sept.68, p.44
(2) Graham Harmann, L’Objet quadruple, une métaphysique des choses après Heidegger, PUF, MétaphysiqueS, Paris, 2010
(3) Voir à ce propos : « Donald Judd », in 7 Sculptors, Institute of Contemporary Art, Philadelphia, 1965 ; « The Crystal Land », Harper's Bazaar, May 1966 ; "Entropy and the New Monuments", Artforum, June 1966, p.26
(2) Graham Harmann, L’Objet quadruple, une métaphysique des choses après Heidegger, PUF, MétaphysiqueS, Paris, 2010
(3) Voir à ce propos : « Donald Judd », in 7 Sculptors, Institute of Contemporary Art, Philadelphia, 1965 ; « The Crystal Land », Harper's Bazaar, May 1966 ; "Entropy and the New Monuments", Artforum, June 1966, p.26
EBG aka Emilie Benoist- Gironière
Formation /
1996 Diplôme de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts, ENSBA, Paris
1990 Diplôme de l’Ecole Nationale des Arts Appliqués Duperré. Paris
Expositions personnelles / Événements /
2021 Les plus beaux jours, Eglise des Trinitaires, Metz
Discussion dans le Jardin, Carte blanche à l’Ensba, Le Cercle s’Ouvre, avec Julie Genelin
2017 Les civils ne sont pas des cibles; supports d’action et de presse, Amnesty International / France
2016 Le monde sous silence II, Manuella éditions, Paris
Des visas pour les réfugiés; supports d’actions et presse, Amnesty International / France
2015 Structures fossiles, Chabah Yelmani gallery, Bruxelles
Le monde sous silence, Centre d’art image-imatge, Orthez. Curator Jean- Marc Terrasse
2014 Lutter contre la pauvreté. Supports d’actions et presse, Amnesty International / France
Protégez les migrants, Amnesty International / France
2013 Source d’ondes, School Gallery, Paris
Encadrer les armes, supports d’actions et presse, Amnesty international / France
2012 Cécité centrale, School Gallery, Paris
Dignité/ Expulsion forçées. Supports d’actions et presse, Amnesty international/ France
2011 Ces Milieux, School Gallery, Paris
Dignité/ Expulsion forçées; Supports d’actions et presse, Amnesty international/ France
2010 Contrôler les armes; Amnesty International/ France. Espace Autrement, Paris
2009 Neverland, Librairie Les jours Anciens, Paris
Impunité/ Justice; Supports d’actions et presse Amnesty International / France
2008 .Théatre de l’Odéon/ Ateliers Berthier. Réalisation d’un volume. M. en scène : Y. J. Collin
2007 Cellula Phantastica, Galerie Eva hober, Paris
Dilating Path, Projet curatorial en collaboration avec Julien Sirjacq, Point Ephémère, Paris
2005 Espace mental, Galerie de l’Ecole, Fontenay sous Bois
Espace mental 2, La Galeru, Fontenay sous Bois
2006 Narratives, Galerie Eva Hober, Paris
2004 Machine-Oeil, Galerie Eva Hober, Paris
Expositions collectives /
2022 Windows project Acte III/ En attendant … Centre d’art contemporain Immanence, Paris
2021 Dust: The Plates of the Present, Centre Pompidou, Paris. Curators T.Fougeirol et J.E Tang
Le champs des possibles, ArTsenal, Dreux. Curatrice et Chef service Art contemporain Lucile Hiltier
La nuit des vivants, Ensba, Paris, simultanément dans 50 pays. Invitée par Marguerite Pilven
2020 J’ai 800 ans, Galerie des Jours de Lune, Metz. Curatrice et galeriste Viviane Zenner
2019 Jardinons les possibles, Grandes serres, Pantin. Curatrices I. de Maison rouge et Ingrid Pux
#FreeAssange, actions artistiques pour défendre le lanceur d’alerte, initiées par Peggy Viallat
1999/2020, Galerie des jours de Lune, Metz. Curatrice et galeriste Viviane Zenner
2018 A Hole In Time, CAC Centre d’art La Traverse, Alfortville. Curateur Victor Mazière
L’Art par nature, Galerie Robespierre avec le FRAC grand Large Hauts de France, Grande Synthe.
2017 Intoto 3, Le Molière, Paris. Curateurs Thomas Fougeirol et Julien Carreyn
Peindre, Musée municipal, Bourbonne-les-Bains. Curatrice Viviane Zenner
Périgée 14, Galerie des Jours de Lune, Metz. Curatrice et galeriste Viviane Zenner
The Plates of The Present : So far, Galerie Praz-Delavallade, Paris. Curateurs Thomas Fougeirol
Transmission, Galerie Vanessa Quang, Paris. Curatrice Aude de Bourbon Parme
Kunsschorle, Projekraum Ventilator, Berlin. Curateurs Axel Pahlavi et Florence Obrecht
2016 Paréidolie, salon du dessin contemporain, P/A Plateforme, Marseille. Curatrice Marie Cantos
True mirror, Espace Commines, Paris. Curatrice Alexandra Noat D.
Opening night 2, Chabah Yelmani gallery, Bruxelles. Curateur et galerie Chabal Yelmani
Classe inversée, Galerie des Jours de Lune, Metz. Curatrice et galeriste Viviane Zenner
Cachet de la poste faisant foi, Villa Mallet-Stevens, Paris. Curatrice Valentine Busquet
2015 Opening night, Chabah Yelmani gallery, Bruxelles
Dust : The plates of the Present, Baxter St gallery, New-York. Curateur Sonel Breslav
La marche des fiertés. Supports d’actions et presse, Amnesty International / France
Yes to all, galerie Treize, Paris. Curateur Gallien Dejean
Art Paris, Grand Palais, Paris
2014 Hypothèse de l’impact géant, Centre d’art Le Carreau, Cergy. Curatrices Le sans titre
Architectonie, Centre d’art La traverse, Altforville. Curatrice Bettie Nin
Les ruines circulaires, Meet Factory, Prague. Curator Jean-Marc Davila
Etrange nature, Centre d’art Le Pavillon Blanc, Colomiers. Curator Arnaud Fourrier
Pièces montées, Maison des arts George Pompidou, Cajarc
Space nature, School gallery, Paris
YIA Art Fair, Carreau du Temple, Paris
2013 L’arbre de vie, Collège des Bernardins, Paris. Curateurs Alain Berland et Gaël Charbau
A portée du regard, Eglise des Trinitaires, Metz. Curatrice Viviane Zenner
FireWire, Espace des Blanc manteaux, Paris. Curateur Laurent Quenehen
2012 On ne voit pas le temps passer, Eglise St Maur de Courmelois, Val de Vesle. Curatrice V. Zenner
Je hais les couples, Loft CMJN, Paris. Curateurs Alain Declercq et Jeanne Suspuglas
2011 Front page, Librairie Les jours Anciens, Paris. Curator François de Bordas
Dessins inspirés, Prix Canson, Hotel Sauroy, Paris. Curatrices Marlise V. der Jagt
Dessins exquis, Slick, Paris. Curateur Laurent Boudier
2010 Zero crossing, La Générale en Manufacture, Sèvres. Curatrices M. Sanheira et J. Lavagna
Ellipsis- Interruption/ Omission, Moulins de Paillard. Poncé sur le Loir. Curator James Porter
Et si la guirlande de Julie était en laine, Château de Rambouillet. Curateur Yves Sabourin
Drawing now, salon du dessin contemporain, Carrousel du Louvre, Paris
Les Maitres fous, Freies Museum, Berlin. Curateur Axel Pahlavi et Florence Obrecht
Fantastique des Mirages, Galerie Nuit d’ Encre, Paris. Curateur Sébastien Gindre
2009 Transposer (avec Marie Bergé). Ambassade de Suisse, Paris. Curatrice Regina Virserius
Ingres et les modernes, Musée Ingres, Montauban. Curateurs Dimitri Salmon et Jean-Pierre Cuzin
Biennale Off, White else ?, School Gallery, As it is, Lyon
Une collection, Espace Vallès, St Martin d’Hères. Curateur V. Bazin
2008 Liens, Les Salaisons, Romainville. Curateur Laurent Quenehen
Your forest in my forest, Les Salaisons , Romainville. Curatrice Aude Tincelin
2007 Dilating Path 2, Point Ephémère, Paris
FIAC07, Paris
Collector, Point Ephémère, Paris. Curator Julien Amicel
Dilating Path, Galerie Apparao, Madras
2006 FIAC06, Paris
Mind bomb, Galerie Nuit d’encre, Paris. Curateur Sébastien Gindre
Blocs, Point Ephémère, Paris. Curateur Julien Sirjacq
2005 ARTissima, Turin
FIAC05, Paris
( , Galerie Eva Hober, Paris
SCOPE, Flathotel, New York
2004 FIAC04, Paris
Mutatis Mutandis, Musée de la faculté de Médecine, Paris VII. Curatrice Sarah Roshem
Chapelle Romane Saint Julien, Flainville
Introduction : Bonne chance, Galerie Eva Hober, Paris
Enseignement, Workshops et Résidences / sélection
2022 : Résidence dans le cadre du projet la Natura machine, création de l’imagerie des plantes let création d’une coque pour distribuer des fragrances avec @paysanparfumeur ,Eric Roux Reiffsteck et Mathilde Vincent. Domaine de la hapelle St Jérome. Vallée de la Roya. Alpes-Maritime
2015- 2023 : Enseignante aux Ateliers Beaux-arts de la ville de Paris. Dessin et photographie avec la classe préparatoire Image,et création d’un workshop/ édition.
2017 : Workshop Summer School. Programme de résidence photographique avec Regina Virserius à Loché sur Indrois
2017 . Workshop Jet d’encre,en collaboration avec la Maison Victor Hugo, le pôle Rosa Luxemburg et les Ateliers des Beaux-arts de la ville de Paris
2016 : Workshop Le buisson du vivant auprès d'enfants dans l’exposition Transmission, Galerie Vanessa Quang à Paris. Curatrice Aude de Bourbon Parme
2014 : Workshop Micro-monde auprès d’enfants dans l’exposition Second nature au Cpif, Centre Photographique d’Ile de France à Pontault-Combaut
2013 : Master class Space nature dans le cadre de l’exposition Etrange nature au Pavillon Blanc de Colombiers. Directeur Arnaud Fourrier
2010- 2011 : Workshop L’arbre du vivant auprès des troisièmes, programme de l’Eco-collège avec le Centre d’Art Manet et le Collège Moquet de Gennevilliers
2007 : Résidence croisée Inde / France, Programme Carte jeune génération, AFAA//Cultures France et Point Ephèmère à Pondichery en Inde
Collection
Centre George Pompidou
Arthothèque du Lot
Collections privées en France, Pays-Bas, Belgique, Ghana
Publications, Articles de presse / sélection
2022 / Catalogue collectif 20 ans des Jours de Lune. Texte de Y. Michaud. Drac, Conseil régional Grand Est et End Editions
2021 / Recueil Les plus beaux-jours. Accompagnant l’exposition de l’Eglise des Trinitaires de Metz. Texte de L. Gossart
Catalogue collectif Dust ::The Plates of the Present. Texte de Bernard Blistène. Ed. Spector Books
2020 / Catalogue collectif Le champs des possibles. Préface de Paul Ardenne. ArTsenal, Dreux
2019 / Catalogue collectif numérique Jardinons les possibles. Textes de I. de Maison Rouge et I. Pux
2017 / La critique.org. Article de Victor Mazière, Géobiologies d’un territoire mycellaire, septembre
2016 / La chronique, Amnesty International, juin
2015 / Editions Manuella. Le monde sous silence. Texte de Marie Cantos, février
Centre d’art image-imatge. Programme février-mai Ill. coul
Chabah Yelmani gallery Structures fossiles. Texte et Ill. coul. p.1
Dust : The Plates of the Present, septembre
2014 / Revue 02. Article de Marie Cantos, Etrange nature, Ill. coul, P.89, printemps
Artaïs. Article de Pauline Lisowski, Architectonie, Ill. coul, P.15, septembre-décembre
La chronique. Amnesty International, Ill. coul, p.36, n° 332-333, juillet-août
Ile-de France.Textes de P. Chapdelaine et X. Frison, Mobilisés, bénévoles et associations tous solidaires, n°50, février
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